La population de Gogotinkpon pratique en grande partie la pêche. Pour donc bien mener cette activité, ils réalisent des outils de pêche tels que les filets et autres. Nous irons donc à l’origine des filets de pêche de la région.
À l’origine des filets de pêche artisanale à Gogotinkpon : la créativité et le travail sous forme de coopérative.
Nous sommes allés sur les traces des filets anciens de pêche autour du lac ahémé : de fils issus de ficus spp, aux fibres synthétiques en nylon.
En effet les premiers pêcheurs ont tiré leur moyens de travail de leur ‘environnement de vie. Ils s’étaient adaptés aux matières disponibles qu’ils utiisèrent pour dompter les espèces halieutiques.
Ainsi au commencement la confection des différents filets se faisait par coopérative où les jeunes aux côtés des personnes d’expérience et d’un certain âge se regroupèrent pour se doter tour à tour de filets en fonction des espèces dominantes ou saisonnières du lac.
L’option du travail en équipe et par solidarité s’imposait pour pallier la précarité des matières premières et aussi la rudesse de l’opération de réalisation de ces moyens de pêche. Firmin Blolovi est un des descendants de feu Blolovi kakpo Adjahoundi dont les nombreux séjours en terre ivoirienne en ont fait une notoriété dans le domaine des pêches artisanales aussi bien dans sa communauté au pays que dans celles de son milieu d’adoption, Grand-Lahou et ses campements de pêcheurs au pays d’Houphouet-Boigny.
En nous recevant cet après midi du samedi 11 juillet, Commande Firmin avait à cœur de réparer son filet de pêche appelé » djèto-hlui » : » mets toi à l’eau pour attraper- traduction littérale en langue Xwla ou Xwéla.
C’est donc ce cinquantenaire révolu qui nous conta tout sur les prémices de ce qui reste d’actualité en matière des moyens de pêche dans votre village mythique. Son récit se nourrit de souvenirs caustiques des expériences personnelles aux côtés de son feu père mais aussi des anecdotes liées aux exploits de ce dernier : » mon père dans notre campement- en Côte d’Ivoire- était vu par les autochtones et aussi ses compagnons béninois comme un grand génie dont la maîtrise du tissage des filets n’a pas d’égal » .
Pour illustrer son témoignage notre personne ressource nous renvoie à faire un tour au poste de gendarmerie de cette ville côtière qui a accueilli sa famille à l’étranger pendant des dizaines d’années : »un jour » raconte Firmin »’ quelqu’un monte nuitamment voler les filets posés par mon Papa. Il a été arrêté. Mais le voleur nie en bloc et revendique la propriété des moyens de pêche que mon père venait de se réaliser. Alors il fut mis au défi par ce dernier de donner les caractéristiques des filets. Incapable de la moindre précision, il fut confondu. Tout le contraire avec le vrai propriétaire qui fournissa la mesure de la taille : 3 m 15 ainsi que celle de la circonférence du filet »
On renoue avec le fil des origines des filets actuels…
Au départ nous apprend Firmin les ancêtres ont utilisé de filets tissés à base de fils végétaux tirés de l’écorce d’un arbre – Ficus thonningii_, C’est une espèce de Ficus (figuier) de la famille des moracées.
Ce fil traditionnel est connu sous le nom de Sôbô-Djimagbo en XwélaGbé et en FonGbé ou »Sacika en langue Mina ou GēnGbé. La souplesse de cette matière n’enlève rien à la rudesse du travail de sa préparation. Et celle-ci conjuguée avec la créativité des artisans pêcheurs finit par produire un fil résistant certes mais à usage temporaire. Cette réalité induit la récurrence du travail de confection des filets. La solution trouvée pour faciliter la tâche reste alors le travail en équipe et par coopérative. Les générations de pêcheurs ont vu passer des lots entiers de filets ; ils s’y adonnent par saison en fonction de la taille des espèces halieutiques en abondance. Les mailles sont conformes aux populations vivantes dans l’eau.
À l’arrivée du colon et leurs alliés commerçants il a été question tout simplement de noter les besoins et de les transformer en réponses à travers leurs articles. Au titre de leurs offres les filets d’abord avec les fils blancs en coton appelés »adjakan » puis ceux en nylons, fibres synthétiques comme c’est le cas de nos jours…
Une parenthèse….
Les femmes de Gogotinkpon à l’instar de leurs paires africaines, pour la beauté de leur chevelure longtemps s’en sont servies après que son usage soit tombé en désuétude pour les besoins de la pêche. on y reviendra